Lorsque je demande "Dans quel État êtes-vous ?", les gens parlent d'eux, de leur santé et de leur état intérieur. Lorsqu'ils réalisent que la question portait sur l'État, spontanément ils disent: "nous sommes en démocratie".

Dans cette affirmation, se révèle l'immensité du problème: l'incapacité dans laquelle nous sommes à penser l'ensemble du système, à le voir du dehors, à sortir de la boîte.

Cette boîte, c'est la démocratie représentative, la plus grande illusion sociétale, notre auto-mystification.

Puisque nous sommes tous des mystifiés, nous devrions, d'urgence, démystifier la soi-disant démocratie.

L'état du monde, en ce XXI° siècle, peut nous en convaincre: il nous faut nous occuper de l'état de l'État.

Dans un discours adressé à Václav Havel, l'écrivain suisse Friedrich Dürrenmatt a proposé l'idée que la Suisse serait une prison dont nous serions, à la fois, les prisonniers et les gardiens. Cette notion peut s'étendre à tous les pays, au delà des différences de Constitution.

Comment est-ce possible?

Tout repose sur l'élection des représentants dont on espère qu'ils vont réaliser nos attentes et orienter le pays dans la direction souhaitée.

Il s'agit d'un mythe tenace qui empêche la réalisation d'une véritable démocratie. Nous croyons que l'on peut réformer par le haut. Nous attendons alors la femme ou l'homme providentiel qui prendra en main les destinées du pays et apportera les solutions. Cette illusion s'intensifie lors de chaque campagne présidentielle et culmine le jour du vote populaire.

Mais les surlendemains ont toujours un air de « gueule de bois ». Au fond de lui, le citoyen sait que toute réforme par le haut est mission impossible. Pourtant il s'adonne à ce mirage, faute d'une autre perspective.

Cette désillusion se généralise parmi les électeurs. Elle conduit soit au non-votisme, soit à l'abstention et, plus généralement, au vote-sanction. C’est-à-dire que l'on ne vote plus "pour", mais "contre". Ce qui revient à ne pas choisir le candidat pour lequel on vote. Or celui-ci va s'estimer légitimé et déclarera qu'il a reçu mandat de la majorité, ce qui n'est pas la réalité.

Le fait de croire à l'élection de représentants est ce qui fait de nous des gardiens de la prison-démocratie. Pendant la durée du mandat, nous sommes les prisonniers de ce système. Au moment des élections nous en devenons les gardiens et nous nous remettons nous-mêmes en prison. Avec bonne conscience: nous faisons notre devoir de citoyen !!!

À ceux qui militent pour une VI° République, je veux dire "Pourquoi attendre ?". Parlons déjà de la XVI° République, celle de la véritable évolution qui est une révolution sans en avoir l'air !

1789 fut une révolution avortée, car nous sommes restés dans la même boite. Certes, nous élisons notre roi et pour nous abuser nous-mêmes, nous l'appelons Président, Chancelier ou Prime Minister. Qui est dupe aujourd'hui ?

La boîte dans laquelle nous sommes a la forme d’une pyramide. Elle porte donc en elle une dimension absolue : la verticale du pouvoir. 1789 ne l’a pas renversée, horizontalisée (peut-être était-ce trop tôt ?). Notre horizon démocratique est donc bouché … tant que nous n’aurons pas décidé de quitter la pyramide pour laisser s’édifier une démocratie de la société civile.

Par qui sera-t-elle édifiée ? Mais par les Gens, c’est-à-dire les Civiliens, les acteurs de la société civile, là où ils sont en situation de faire, dans leur domaine, sur le terrain.

•  Oh là ! direz-vous, où allons-nous ?
•  Vers la démocratie, l’ami ! J’aspire à une démocratie du peuple. Désolé pour le pléonasme ! Mais la confusion qui règne demande que l’on mette les points sur les « i ».
•  Et que devient alors l’État ?
•  Vous parlez au singulier, comme si l’État était un. Alors que dans la conception actuelle, il est triple. Ne distingue-t-on pas trois pouvoirs : Exécutif, législatif et judiciaire ? Pour avancer, nous avons besoin d’une pensée différenciée. L’État est devenu un mot valise. Ouvrons la valise et regardons ce qu’elle contient. C’est un préalable à la XVI° République, celle des Gens, des Civiliens.

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• Référendum et Initiative Civilienne

Pour que les Civiliens soient en mesure d'innover, ils ont besoin d'un cadre légal qu'ils doivent pouvoir proposer eux-mêmes. Les Civiliens doivent être en mesure d'intervenir directement dans les lois, sans passer par la représentation nationale. C'est ce que l'on appelle la démocratie directe laquelle utilise deux outils distincts: le référendum et l'initiative populaire. Ils sont le minimum vital de la démocratie. L'obtenir est la toute première étape vers l'évolutivité de notre société.

• Expérimentation Sociétale Civilienne

La Démocratie Évolutive place donc en son centre le droit à l'expérimentation. Pour entreprendre des réformes, elle n'attend pas que se dessine une majorité au niveau national et que des représentants du peuple votent une loi. Un tel processus tue la prise d'initiative par le Civilien. Il se révèle trop lourd et trop lent.

En démocratie, une réforme et une innovation doivent pouvoir prendre corps là où elles apparaissent comme projet.

Une telle approche suppose de revisiter les notions de gouvernement unitaire et de service public uniforme.

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Lorsque je demande "Dans quel État êtes-vous ?", les gens parlent d'eux, de leur santé et de leur état intérieur. Lorsqu'ils réalisent que la question portait sur l'État, spontanément ils disent: "nous sommes en démocratie".

Dans cette affirmation, se révèle l'immensité du problème: l'incapacité dans laquelle nous sommes à penser l'ensemble du système, à le voir du dehors, à sortir de la boîte.

Cette boîte, c'est la démocratie représentative, la plus grande illusion sociétale, notre auto-mystification.

Puisque nous sommes tous des mystifiés, nous devrions, d'urgence, démystifier la soi-disant démocratie.

L'état du monde, en ce XXI° siècle, peut nous en convaincre: il nous faut nous occuper de l'état de l'État.

Dans un discours adressé à Václav Havel, l'écrivain suisse Friedrich Dürrenmatt a proposé l'idée que la Suisse serait une prison dont nous serions, à la fois, les prisonniers et les gardiens. Cette notion peut s'étendre à tous les pays, au delà des différences de Constitution.

Comment est-ce possible?

Tout repose sur l'élection des représentants dont on espère qu'ils vont réaliser nos attentes et orienter le pays dans la direction souhaitée.

Il s'agit d'un mythe tenace qui empêche la réalisation d'une véritable démocratie. Nous croyons que l'on peut réformer par le haut. Nous attendons alors la femme ou l'homme providentiel qui prendra en main les destinées du pays et apportera les solutions. Cette illusion s'intensifie lors de chaque campagne présidentielle et culmine le jour du vote populaire.

Mais les surlendemains ont toujours un air de « gueule de bois ». Au fond de lui, le citoyen sait que toute réforme par le haut est mission impossible. Pourtant il s'adonne à ce mirage, faute d'une autre perspective.

Cette désillusion se généralise parmi les électeurs. Elle conduit soit au non-votisme, soit à l'abstention et, plus généralement, au vote-sanction. C’est-à-dire que l'on ne vote plus "pour", mais "contre". Ce qui revient à ne pas choisir le candidat pour lequel on vote. Or celui-ci va s'estimer légitimé et déclarera qu'il a reçu mandat de la majorité, ce qui n'est pas la réalité.

Le fait de croire à l'élection de représentants est ce qui fait de nous des gardiens de la prison-démocratie. Pendant la durée du mandat, nous sommes les prisonniers de ce système. Au moment des élections nous en devenons les gardiens et nous nous remettons nous-mêmes en prison. Avec bonne conscience: nous faisons notre devoir de citoyen !!!

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